Dans le cadre de la bourse d’écriture obtenue pour le scénario “Comme on nous parle”, je mènerai pendant plusieurs mois un atelier d’écriture autour de l’anecdote avec une classe SEGPA du collège Jean Moulin, à Montreuil. Les élèves seront invités à travailler sur cette petite forme de récit que l’on appelle, faute de mieux, l’anecdote.

Ces petits récits courts, quotidiens, sont des pépites que l’on se partage sans y prêter attention. Elles sont à la fois un puissant vecteur de lien social, une mise en partage d’expérience, un réservoir d’images, de situations, d’humour et, lorsqu’on s’y attarde, c’est une forme d’art pratiquée par l’ensemble de l’humanité. Raconter, se raconter, chacun de nous le fait à longueur de journée. Certain.e.s excellent dans la mise en forme de ses éclats de vies, d'autres le font plus sobrement, mais chacun est le dépositaire d'un vécu unique, que l’anecdote transmet. Ainsi, parce qu’elle met tout le monde sur un pied d’égalité, cette forme me semble être une matière privilégiée pour faire entrer des gens rétifs à l’écriture dans le geste de création.

Les questions qui se posent au conteur du quotidien sont les mêmes que pour toute oeuvre d’art : comme en photographie, il faut cadrer pour évoquer, dans un espace réduit, tout ce qui est hors-champ. Quelle séquence faut-il découper dans la toile de nos expériences ? Par la suite, si on veut intensifier le récit de ces moments de vies, se pose la question de la forme : comment raconter pour transmettre, au delà de l’action, mon rapport au monde ?

Enfin, ces formes courtes ont un autre avantage : en s’accumulant, elles s’éclairent les unes les autres et constituent un grand récit, une toile, dont la valeur est plus grande que la somme des parties. J’ai travaillé à plusieurs reprises avec des élèves de 5eme à Colombes. Les anecdotes collectées là-bas seront le point de départ de cet atelier Montreuillois.